Semaine d'escalade à Meiringen

Semaine d’escalade à Chamonix… euh… Meiringen… euh…

Euh, semaine d’escalade? Au juste, nous avons fini par faire autant de shopping que d’escalade, donc déjà le terme « semaine d’escalade » interroge. Et nous avons mangé définitivement plus de gâteaux que de Cliff.

Car… pour l’édition 2021 de la semaine d'escalade estivale, il pleuvait des poissons et les grimpeurs avaient intérêt à enfiler des palmes plutôt que des chaussons de grimpe.

Le début de nos vacances était encore dans le spectre de la normalité. Journée d’escalade bonnarde en couenne à Interlaken. Le secteur Neuhaus est « the place to be » dans la région. La semaine semble bien commencer.

Par la suite, nos vacances ont plutôt fait penser à un cours de plongée sous-marine ou un exercice de pompiers. Nous devions donc trouver des plans B, C, D... heureusement que l'alphabet a plein de lettres. La bonne humeur par contre était au rendez-vous de A à Z.

Mais donc, à défaut de pouvoir vous raconter des aventures de conquête de sommets au cœur de notre cher petit pays ensoleillé, nous allons nous pencher un peu sur les ouvreurs de la salle de grimpe à Interlaken. Notamment sur René qui est l’auteur de la plupart des voies artificielles.

Notre image mentale de René nous décrit un homme dans sa 60aine, petit, trappu, montagnard, un homme du coin qui a bien les deux pieds sur terre. Il aime manger le Schublig avec des cornettes et de la purée de pommes. En été il passe le plus grand de ses heures suspendu à quelque part sur une paroi de la région. En hiver, il donne des cours de ski. C’est seulement dans l’entre-saison qu’il consacre un peu de son temps bénévolement à la salle de grimpe de Interlaken. D’où le fait que toutes les voies qu’il a vissées sont faites en octobre ou en novembre… 2017, 2018, 2019, 2020.

Comme déjà décrit dans notre tableau imaginaire de René, on se visualise un montagnard habitué. La grimpe n’a plus de surprises pour lui, les voies qu’il ouvre n’en n’ont pas non plus. Pied gauche, pied droit, main gauche, main droite. Mais si notre hypothèse est juste et que d’habitude René grimpe sur coinçeurs et avec une corde à chanvre, on peut tout à fait admettre que ses exploits sont respectables.

L’évaluation du degré de difficulté est facilement réglé pour René. Plus c’est dur, plus les prises sont petites. Les mouvements restent les mêmes…: la position de la grenouille! Ce qui nous perturbe beaucoup plus que René. Lui semble être habitué à un taux d’humidité de l’air de 130% et des voies de grimpe complètement trempées. On se demande même s’il n’est pas l’auteur de la Via Ferrata de Kandersteg, qui suit si méticuleusement les coulées mouillées… et qu’on a d’ailleurs abandonnée en cours de route, car nous ne nous sentions pas assez expérimentées en patinage artistique!

Mais retour à la salle de grimpe d’Interlaken… En étudiant les dates d’ouverture des fameuses voies de René, nous avons également observé que les restrictions du coronavirus ont miné grave le moral des suisse-allemands. Après la première vague, René est encore retourné en salle pour ouvrir deux-trois nouvelles voies, mais la deuxième vague l’a complété achevé. Comme plein d’entre nous il n’avait visiblement pas très envie de s’étouffer dans son masque en étant suspendu à une paroi artificielle. Avec comme résultat, que les grimpeurs d’Interlaken s’entraînent depuis une année sur les mêmes voies. Toute notre sympathie! Cela nous apprend à relativiser et à être contents de ce qu’on a. La prochaine fois que nous sommes à Totem en train de nous demander si le nouveau bloc avec l’étiquette verte devrait être coté en bleu ou en orange, rappelons-nous de nos acolytes d’Interlaken qui grimpent les mêmes voies depuis novembre 2020 et pour qui toutes les prises semblent être blanches.

Malheureusement nous n’avons pas croisé le vrai René, ouvreur à Interlaken, dans la salle de grimpe et nous ne pouvions pas confirmer si nos hypothèses sur sa personnalité étaient véridiques ou non. René était probablement en montagne, malgré les trombes d’eau qui tombaient pendant notre fameuse semaine d'escalade… un vrai montagnard quoi. En tout cas, plus que nous qui nous sommes laissés effrayer par quelques dalles quelque peu glissantes.

Vendredi matin, 8h00 et les gouttelettes de pluie sur notre toit font toujours concurrence à l’amicale des tambours de Spiez. On décide de terminer cette semaine d’escalade sans avoir testé les falaises de Meiringen. Que les princesses de l’escalade de la région chassent leurs crapauds toutes seules!

De peur de tomber sur un René Bis à la salle d’escalade de Thoune, nous avons tenté une falaise en-dessus de Wimmis: la Weissenfluh. Qui l’eut cru? Soleil au rendez-vous, magnifique calcaire et voies intéressantes. Mais là, nous n’avions plus le temps d’écrire, nous devons rattraper les longueurs que nous n’avons pas pu faire les jours avant!

« Prends-moi seeeec !!! »


P.S. pour PMS: si vous proposez des semaines de grimpe, pensez à prendre un abonnement « ensoleilement maximal » pour la région où vous souhaitez partir...