Rochers-de-Naye en hiver


Lundi je me suis promené à la Dôle. Il faisait beau et c’était une très belle sortie. Mais il me manquait le côté Alpes de la montagne. Il va sans dire que la Dôle, c’est une colline à côté. Le jour suivant, à la bière après la grimpe en discutant avec les potos, quelqu’un a sorti les Rochers-de-Naye pour une raison quelconque.

C’est à partir de là que j’ai eu cette folle idée d’aller voir si la via ferrata du Rochers-de-Naye était par hasard accessible et faisable en hiver. Il va sans dire que c’était seulement en connaissance du peu de neige actuellement disponible. J’ai été très surpris, car malgré ses 2000 mètres, le niveau de neige était vraiment très bas.

C’est une journée à trois erreurs.

En sortant du train, j’ai regardé la falaise dans laquelle se trouve la via ferrata, et je me suis dit que j’avais deux possibilités :

  • descendre dans le gouffre pour remonter en face ;
  • suivre la pente raide jusqu’à la falaise et de là jusqu’au pied de la via.

Première erreur : j’ai choisi la deuxième possibilité, en adaptant un peu le tracé, je me suis permis de marcher sur la galerie du train jusqu’au pied de la falaise, car je voyais que le saut était relativement bas. En arrivant au bout de la galerie, j’ai vu qu’il y avait malgré tout un bon mètre, j’ai donc déchaussé mes raquettes, treuillé mon sac à dos en bas accroché à deux dégaines et demies, lancé les bâtons puis les raquettes. Jusque là, tout va bien, me suis-je dit. Erreur numéro deux: j’ai lâché la sacoche avec l’appareil photo droit derrière. Elle ne s’est malheureusement pas arrêtée au même endroit que le reste de mon matériel. Je m’y vois encore, à me demander jusqu’à où cette foutue sacoche allait descendre. Eh bien mes amis, tout en bas !

Après être moi-même descendu de ma galerie, j’ai rechaussé mes raquettes et remis mon sac sur le dos. Expédition sauvetage d’appareil photo en cours. La pente raide m’a permis une descente relativement rapide, si ce n’est pas très rassurante. Arrivé au rocher devant lequel se trouvait mon appareil dans sa sacoche, j’ai vite fait un tour des dégâts. Tout va bien, seul le filtre de protection avait explosé. La sacoche avait perdu un bout de sangle, mais ça c’était facile à remettre. Après avoir noyé mon appareil en Égypte, ça m’aurait fait mal au c*l de casser son remplaçant à peine six mois plus tard.

La remontée jusqu’au pied de la falaise ne s’est pas fait sans peine. La couche de neige était fine et principalement gelée. Là ça crochait bien avec les crampons des raquettes.Mais à certains endroits, la neige était poudreuse très sèche. Là il fallait tout faire pour rester dans la pente à moins de finir comme mon appareil photo. Longer la falaise c’était encore le même exercice. J’ai suivi les traces d’un chamois, mais autant dire que je n’ai pas son habileté.

Je ne savais plus exactement où était le départ de la via ferrata et j’ai eu la pensée d’abandonner et de faire un autre tour, quand j’ai finalement vu la plaquette. Les échelons étaient en place et aucune interdiction ne limitait mon passage. J’ai donc gravi tant bien que mal les touffes d’herbes gelée jusqu’au départ. C’était encore bien casse-gueule.

La via ferrata même c’était la partie la plus aisée de ma petite aventure. Juste deux passages légèrement enneigés. Rien de bien terrible en somme. Je ressentais par contre la fatigue dans les bras, de ma session de grimpe de la veille. Arrivé à l’échappatoire j’ai pris pour une fois la bonne décision de sortir par là. L’erreur aurait été fatale, car j’aurais dû faire les 150 mètres de la via en descente pour ressortir malgré tout par l’échappatoire, tellement le haut de la sortie principale était enneigée. C’était bien le seul endroit où il y avait une couche de neige conséquente.

Je suis arrivé en haut sain et sauf et j’ai pic-niqué au sommet de la via sous un soleil éclatant avec vue sur le bassin lémanique sous une couche d’épais brouillard.

L’aventure n’était pas terminée pour autant. J’ai pris la direction du sommet principal des Rochers-de-Naye pour aller admirer la vue. Après cela, il était à peine 14 heures. Un peu tôt pour retourner dans la peuf. Je me suis dit que j’allais descendre un bout dans la vallée, pour contourner l’arête des Rochers-de-Naye et retourner sur l’arrêt Jaman. C’était l’erreur numéro trois.

Heureusement, au fonds de la vallée, à peine plus loin que l’alpage, j’ai rencontré un sexagénaire en grande forme. Parti à 9h30 de Montreux, il avait gravi pas loin de 2000 mètres pour arriver au sommet quelques cinq heures plus tard. Celui-ci m’apprend que de faire le tour prendrait à peu près trois heures. Avec le dernier train partant à 16h11, j’ai fait demi-tour instantanément. Ça m’aura fait une balade de plus.

Arrivé à la gare avec une vingtaine de minutes d’avance, j’ai pu me reposer un peu et profiter encore quelques instants du paysage magnifique.