Initiation Spéléo à la Vallée

Suite à ses diverses photos publiées dans le groupe «Escalade», Léo m’avait promis une sortie d’initiation à la spéléo. Léo fait partie du club de la Vallée et il explore et prépare de nouveaux passages. Il connaît ces grottes mieux que ses poches.

Il nous a donné rendez-vous à 9 heures chez Carine le dimanche matin. Carine habite couramment au Sentier, ce qui s’y prête bien pour aller découvrir les différentes grottes de la région. La découverte du jour, pour nous autres nouveaux initiés, fait partie du réseau des Fées, qui a aussi une sortie à Vallorbe. Vallorbe qui peut d’ailleurs être rejoint en 8 heures sous terre depuis notre point de départ.

En arrivant, Léo a tout de suite installé une corde qui nous permettrait de faire des exercices avec le matériel spécifique à la spéléologie. Nous avons commencé par une session café/croissant au chocolat avec les divers participants de la journée. Les participants sont Lionel et son fils Alexandre qui sont aussi en mode découverte ; Paul le doyen du groupe ainsi que celui qui a le plus d’expérience ; Carine, nouvelle adepte et notre accompagnatrice préférée ; Léo, le chef de l’expédition et moi-même, votre narrateur.

L’expédition, donc, a commencé dans le garage a Carine, après avoir terminé le café au chaud. Il s’agissait de s’équiper en mode «caverne». Une combinaison pour garder la plupart de la glaise à l’extérieur, du matériel spécifique pour monter et descendre sur les cordes semi-statiques installées dans le réseau sous-terrain, des bottes de pluie, un casque et une lanterne. Sans oublier une bonne paire de gants de jardinage.

Après avoir testé les manipulations pour monter et descendre sur une corde semi-statique, nous nous sommes mis en route en direction de Jura Parc. En chemin, Léo a contacté la personne de piquet du jour pour l’informer de notre sortie, de l’heure probable de la fin de la sortie et de l’heure à laquelle il vaudrait mieux appeler les secours si nous n’avions pas donné signe de vie.

Quelques virages après Jura Parc, Paul a arrêté son bus et nous sommes sorti dans le froid mordant. C’était sec, mais il faisait à peu près -7 °C. Nous n’avions pas prévu de gants pour la partie randonnée dans la neige, et nous avions à peu près tous les doigts glacés. Ça caillait vraiment ! Avant de partir, nous avons chaussé les raquettes, et empaquetés quelques Balistos que Paul avait emportés. Ceux-ci nous seraient bien utiles un peu plus tard.

Après environ 10 minutes sur un chemin enneigé, nous avons coupé dans la forêt en pente raide en direction de l’entrée de la grotte. Entrée, si on peut ainsi dire… Il s’agit en fait d’un bidon en métal posé à terre à l’horizontale. Du côté intérieur du bidon, il y a un cadre pour la porte qui rapetisse encore un peu l’ouverture. Déchaussés des raquettes, nous avons laissé le matériel superflus à côté du bidon. Ce bidon a été mis là pour empêcher des gens d’accéder à la grotte «par erreur».

Léo s’est faufilé dans la grotte en premier, je lui ai passé son sac avec le pic-nic et quelques autres affaires avant de le suivre. Il ne faut pas avoir les épaules trop larges pour passer le bidon.

De l’autre côté, il vaut mieux se sécuriser tout de suite à l’aide de la longe double en Y. Le premier puits nous attendait en contrebas d’une petite échelle. Là, il y a aussi le carnet des visites. Ce carnet permet au secouristes de connaître le but de la visite et l’heure de départ, principalement.

Et voila, c’est parti. Nous y étions. Plus de retour. D’ailleurs, ç’aurait été compliqué, les suivants passaient déjà la tête à travers le bidon. C’est le moment de mettre les pieds contre le mur, de poser les fesses sur le rebord du puits et de fixer son descendeur sur la corde. Une manipulation pour bloquer la corde et on se pend dans le vide qui a l’air infini dans la pénombre. Je suis Léo jusqu’à la prochaine fraction et nous descendons. Les autres nous suivent un à un dans les puits qui s’enchaînent jusqu’à arriver à notre profondeur verticale maximale du jour : environ -146 mètres sous terre.

Lors de la descente nous avons pu bien observer les différentes formations rocheuses et calcaires qui s’offraient à nos yeux. C’est difficiles à décrire sans le vocabulaire adéquat, mais il n’y a qu’à regarder les photos. En tout cas il y avait les stalactites qui tombent et les stalagmites qui montent en bon nombre.

Dans la salle au terme de notre descente, nous avons dégusté notre pic-nic composé de quelques petits sandwiches, chocolat et Balistos pour nous donner de l’énergie pour la suite. Les kits, nous allions les laisser sur place. Pas besoin de traîner les baudriers et le matériel de corde plus que nécessaire dans la boue.

La traversée, c’est un petit peu de désescalade et beaucoup de rampage dans la boue et les flaques d’eau. Heureusement il fait dans la caverne une température assez agréable, d’environ 8 °C. Cette température ne varie que très peu au fil des saisons. Tant que nous bougeons, nous n’avions pas froid, malgré les genoux et mains mouillées. Les bottes de pluies nous ont tenu les pieds au sec lors des traversées des flaques et bassins d’eau, dont certains étaient probablement plus profond que la hauteur de botte. Mais nous avons réussi à passer au bord de ces bacs. Après un long passage à ramper, nous avons pu nous redresser pleinement et marcher sur une formation de roches comme un Emmental mais avec plus de trous que de fromage. Et il ne faut pas se rater, car une chute pourrait s’avérer fatale, tellement ces roches particulières sont coupantes. Plus loin, à la salle des Épées, se trouve un petit lac sous-terrain. Nous y sommes arrivés après environ 2 heures et demie de descente et traversée.

Après un bref arrêt de contemplation au lac, nous avons rebroussé chemin et nous sommes retrouvés à l’endroit où nous avions laissé notre matériel. Nous nous sommes rééquipés, avons mangé un Balisto et finit le chocolat avant de commencer l’ascension.

Je me suis proposé de mener la danse, enfin la montée, mais c’était un peu une danse, surtout la première. Il faut mettre la poignée sur la corde, mettre la corde dans le crawl.

Jusque là, tout va bien. Après il faut s’asseoir dans la corde et monter les pieds pour mettre les étriers et ensuite monter la poignée plus haut. Il faut après pousser dans les étriers pour faire coulisser la corde dans le crawl, qui est fixé au baudrier. Au début, la corde n’est pas assez lourde en dessous, il faut donc la faire coulisser à la main.

La remontée, c’est ce qu’il y a de physiquement plus dur dans la spéléo. S’asseoir, monter les pieds, monter la poignée, tirer sur la poignée, pousser les pieds dans les étriers, répéter ça. L’ascension du premier puits me paraît infinie et il ne faut ni aller trop vite ni trop traîner. Les autres attendent, mais il faut aussi éviter de trop transpirer, car dehors, c’est glacial.

J’enchaîne les puits avec les fractions et les déviations à l’inverse de la descente. Je coince mon crawl en bout de corde lorsque je me décale à l’horizontale sur la première déviation. Je libère la corde avant d’avoir enlevé mon mousqueton. Des petits détails qui peuvent rendre une manipulation simple plus difficile à accomplir. Léo me suit de près. Dans les derniers puits, Léo appelle Alexandre qui le suivait, mais n’obtient pas de réponse. Bizarre, nous avons attendu un peu, puis il me dit qu’il entend du babillage. Tant que personne ne gueule, c’est bon signe. Mais un silence absolu ça peut aussi être mauvais présage. Tout va bien, Alexandre n’a juste pas répondu. En haut du dernier puits, vers la sortie, il commence à faire plus frais, nous avions transpiré avec l’effort et là nous ne faisions plus qu’attendre. Une fois les quatre premiers arrivé en haut, nous sommes ressortit par le bidon, dans ce froid redoutable.

Les raquettes chaussées, nous sommes repartis en direction du parking, et de là en direction de chez Carine pour une bonne raclette bien méritée.